Le diabète sucré
Document de synthèse ayant pour objectif l’information du public et la communication pour un changement de comportement
Qu’est ce que le diabète ?
C’est une augmentation de longue durée ou permanente du taux de sucre (glucose) dans le sang par défaut d’assimilation (Taux de glucose dans le sang = glycémie).
Celle-ci est liée à une insuffisance de production de l’insuline, hormone régulatrice du taux de sucre dans le sang et donc du sucre que nous absorbons.
A cela s’ajoute dans la plupart des cas une résistance de l’organisme à l’action de l’insuline, d’où une utilisation réduite et lente du sucre par les cellules.
Ces anomalies sont retrouvés chez des sujets dits prédisposés au diabète du fait par exemple d’une hérédité ou de facteurs tels l’obésité et la suralimentation en graisses et en sucres et le manque d’activité.
Cette augmentation du taux sanguin de glucose peut être accompagnée d’autres perturbations telles une hypertension artérielle ou une augmentation des graisses dans le sang (cholestérol, triglycérides).
Pourquoi s’intéresser au diabète ?
C’est d’abord un problème de santé publique puisqu’il touche au moins 2 à 3 % de la population sénégalaise. Or les signes révélateurs sont habituellement tardifs et le risque de complications au moment même du diagnostic est réel dans la plupart des cas. D’où l’intérêt de le dépister précocement. Il s’agit pour cela d’en reconnaître d’abord les facteurs de risque, c’est-à-dire ceux dont l’existence permet de prédire la possibilité d’apparition de la maladie à court ou moyen terme chez un individu.
Chez qui faut-il dépister le diabète ?
A priori, le diabète devrait être dépisté dans la population générale, mais cela risque de poser plusieurs problèmes d’organisation, mais aussi de financement. C’est pourquoi, il s’agit plutôt de reconnaître les sujets à risque de diabète et de les encourager à se faire dépister. Il s’agit principalement de :
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Ceux dont un ou plusieurs parents au premier degré (père, mère, ascendant ou descendant direct) sont diabétiques ;
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Les sujets obèses (l’obésité est favorisée par l’abus d’aliments gras et sucrés, l’absorption de quantités importantes d’aliments, mais aussi le grignotage et le manque d’exercice physique) ;
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Les sujets ayant une hypertension artérielle ou une perturbation des graisses dans le sang, tel le taux de cholestérol élevé ;
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Les femmes ayant accouché de gros enfants (de plus de 4 Kg à la naissance) ou ayant eu plus de deux ou trois avortements ou ayant accouché d’enfants présentant une malformation ;
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Les hommes de plus de 45 ans et les femmes de plus de 55 ans : globalement tout sujet de plus de 50 ans.
Malheureusement dans la plupart des cas les individus ne se présentent qu’au moment où apparaissent les signes annonciateurs, voire les complications:
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Signes annonciateurs : augmentation de la fréquence des urines, soif vive, amaigrissement brutal ou progressif malgré un appétit conservé ou augmenté.
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Des complications telles des infections répétées, des troubles de la vue, des troubles de la puissance sexuelle.
Comment savoir ?
Si un individu est dans l’une des catégories ci-dessus énumérées, il est indispensable qu’il se rapproche d’une structure de santé pour faire doser sa glycémie. Le dosage fait après une nuit de jeûne (huit à douze heures de jeûne) est performant et permet dans la plupart des cas de dire si oui ou non la personne est diabétique. Cependant un dosage positif doit toujours être confirmé par un deuxième dosage à quelques jours d’intervalle : la personne est alors considérée diabétique si sa glycémie à jeun est égale ou supérieure à 1,26 gramme par litre de sang (1,26 g/l) à deux dosages successifs. Dans certains cas douteux, le personnel médical pourra proposer des méthodes de recherche plus performantes.
Que faire en cas de diabète déclaré ?
Le rôle du médecin : classer le diabétique dans l’une des catégories permettant de proposer un traitement adéquat. Pour cela il est nécessaire d’abord d’exclure certains cas exceptionnels de diabète reconnaissant une cause guérissable;
Globalement, la plupart des cas de diabète peuvent cependant être classés de type 1 ou de type 2 :
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Le diabète de type 1, encore appelé diabète insulinodépendant, nécessite dans la majorité des cas un traitement définitif par l’insuline dès sa découverte. Il touche surtout les enfants, les adolescents et les adultes jeunes avant l’âge de 30 ans et est caractérisé par une installation brutale des signes annonciateurs. C’est pourquoi les parents doivent toujours être attentifs à ce type de changement chez leurs enfants et les emmener alors rapidement en consultation.
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Le diabète de type 2, encore appelé diabète non insulinodépendant car, découvert précocement, il ne nécessite pas d’injections d’insuline et sera longtemps traité uniquement par les comprimés antidiabétiques. Il touche surtout les sujets de plus de 40 ans. Les signes annonciateurs, même s’ils peuvent exister, sont tardifs dans ces cas. C’est tout l’intérêt du dépistage chez les sujets à risque cités ci-dessus.
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Le diabète apparaissant pendant une grossesse est mis à part : il doit être systématiquement recherché par le dosage de la glycémie dès le début de la grossesse et surtout après le sixième mois du fait de ses risques de complications.
Le rôle du diabétique
Il doit être conscient que le diabète est une maladie de longue durée et demander lui-même un dépistage s’il appartient à une des catégories à risque. Le cas échéant, il doit prendre conscience de la nécessité d’un suivi et d’un traitement régulier comportant des modifications du mode de vie et la prise de médicaments proposés par le médecin. Le suivi en consultation périodique (trois ou quatre fois par an) permettra au personnel de santé d’évaluer avec le patient l’efficacité des traitements et de dépister les éventuelles complications de la maladie.
Le Traitement et le suivi
Le traitement comporte plusieurs volets résumés ci-après :
L’éducation thérapeutique : c’est un temps capital ; c’est le fait d’amener le nouveau diabétique à prendre conscience de sa maladie et de la nécessité d’un traitement et d’un suivi prolongé.
La diététique: elle doit être organisée et adaptée aux conditions de vie et aux possibilités du diabétique
L’exercice physique régulier : il doit être adapté à l’âge, aux goûts et aux possibilités du diabétique
Les médicaments : ils seront prescrits selon des normes bien définies fonction du type de diabète et des objectifs fixés d’un commun accord entre le médecin et le diabétique. Autrement dit, «n’importe quel médicament antidiabétique» n’est pas efficace pour «n’importe quel diabétique». Tout choix nécessitera des évaluations périodiques.
Enfin, le traitement comportera aussi celui des pathologies éventuellement associées au diabète et des complications.
Ce n’est qu’à ce prix que le malade diabétique peut se considérer comme un individu normal et vivre au quotidien sans problème majeur.
Dakar, le 26 octobre 2009
Professeur Saïd Norou DIOP
Directeur du Centre du Diabète Marc Sankalé de Dakar